Une des grandes difficultés pour un apprenant de langue française est de formuler une problématique (base de tout essai argumenté) dans le cadre d’une argumentation orale ou écrite. 

La problématique est à la base de toute réflexion ou démarche de recherche. Elle pose un problème sous différents aspects (scientifique, économique, politique, environnemental, historique, éthique, etc.). Elle peut être formulée sous forme de phrase ou de question. L’objectif est d’amener les personnes à réfléchir et débattre sur des questions complexes. 

À la fin de toute présentation orale argumentée, essai, mémoire, thèse ou dissertation, il faut avoir répondu à la problématique. La question ou la réponse doit être suffisamment ouverte pour traiter le maximum d’aspects du problème. 

Par exemple, la première leçon de la méthode Tendances C1/C2 éd CLE International, traite du sujet “se documenter à l’ère des fausses nouvelles”. Je demande à Christine, une apprenante américaine que j’accompagne dans la réussite du DALF C1, de répondre à la question suivante : laquelle décrit le mieux la problématique globale des enjeux soulevés dans les articles ?

  • Les fausses nouvelles : causes, conséquences et solutions ?
  • Comment peut-on se prémunir contre les fausses nouvelles ?
  • Est-ce que les fausses nouvelles sont un fléau pour la société ?

La réponse à la question 3 serait OUI ou NON, donc le débat est clos, et la question 2 ne touche qu’un des aspects des fausses nouvelles soulevés dans les documents, tandis que la problématique 1 Les fausses nouvelles : causes, conséquences et solutions ? les couvre tous.

La difficulté majeure pour les apprenants de français langue étrangère, est donc de formuler une problématique assez large afin de traiter différents aspects du problème posé. En effet, Christine m’expliquait la façon d’écrire aux États-Unis :

Notre façon d’écrire est basée sur l’idée d’une thesis qui est annoncé à la fin de l’introduction. Cette thèse est le point d’ancrage du papier et doit argumenter définitivement une perspective. Par exemple, une thesis toute simple peut être : “le rouge est la meilleure couleur de toutes les couleurs parce que argument 1, argument 2, argument 3. Les paragraphes d’après expliquent davantage chaque argument pour amener l’audience à la conclusion où ils seraient convaincus que le rouge est, en effet, la meilleure couleur. 

Le but est de choisir une perspective, un côté pour démontrer votre capacité d’argumenter, quel que soit le côté. Cette façon d’écrire oblige l’auteur à rester dans une voie assez étroite pour aller vers un objectif bien clair et précis. Si l’auteur s’égare, on dirait qu’il n’est pas sûr de ce qu’il croit et on perd donc confiance en lui.

Je propose donc à Christine une méthodologie de formulation de la problématique en plusieurs étapes.

Afin d’étudier un thème qui l’intéresse, Christine a choisi le sujet : Génération Y, les Millennials et la voie professionnelle.

(Génération Y : personnes nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990)

D’abord, il faut se poser les questions suivantes :

  • De quoi s’agit-il ? Quel thème est abordé ? Quels problèmes ont été soulevés ?
  • Qui est concerné par le sujet ?
  • Quand le sujet a-t-il été traité ? Quelle est la période concernée ?
  • le problème se pose-t-il ? Quelle est la zone géographique concernée ?
  • Pourquoi parle-t-on de ce sujet ?
  • Comment les auteurs répondent-ils aux problématiques déjà soulevées ?
  • Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Je suggère ensuite de réaliser un brainstorming ou remue-méninges sous forme de carte mentale (mind map).

 

Enfin, il est maintenant possible de formuler une problématique :

En quoi le choix de la voie professionnelle pour la génération Y est-il différent de celui de leurs parents ?

À partir du thème choisi, procédez sous forme d’entonnoir, du général au plus précis.