Ah, la problématique ! C’est souvent l’un des plus grands défis pour les apprenants de français, n’est-ce pas ? Pourtant, bien la maîtriser est essentiel pour tout texte ou exposé argumenté. C’est la base, le point de départ de toute réflexion qui tient la route.

Qu’est-ce qu’une problématique ?

Imaginez votre problématique comme la question centrale à laquelle votre travail va tenter de répondre. Elle ne se contente pas d’affirmer un fait, mais pose un problème et l’explore sous différents angles : scientifique, économique, politique, environnemental, historique, éthique…

Son objectif ? Ouvrir le débat et inciter à la réflexion sur des sujets complexes. À la fin de votre présentation orale, de votre essai, de votre mémoire ou de votre dissertation, vous devrez y avoir répondu de manière exhaustive.

Pourquoi est-ce si difficile pour les anglophones ?

C’est là que ça se complique un peu, surtout si vous venez d’un système éducatif anglo-saxon ! Christine, une de mes apprenantes qui prépare le DALF C1, m’expliquait bien la différence avec la “thesis” américaine :

Aux États-Unis, notre façon d’écrire est basée sur l’idée d’une ‘thesis’ annoncée à la fin de l’introduction. Cette thèse est le point d’ancrage et doit argumenter définitivement une perspective. Par exemple : ‘Le rouge est la meilleure couleur parce que [argument 1], [argument 2], [argument 3]’. Les paragraphes suivants développent chaque argument pour convaincre l’audience que le rouge est bien la meilleure couleur.

Le but ? Choisir un camp et démontrer votre capacité à argumenter dessus. Cette approche vous pousse à rester sur une voie très précise. En France, la problématique est plus ouverte, elle invite à explorer plusieurs facettes d’un problème, sans trancher d’emblée.

Évitez les pièges : L’exemple des fausses nouvelles

Prenons un exemple concret tiré de la méthode Tendances C1/C2 sur “se documenter à l’ère des fausses nouvelles”. Face à ce sujet, Christine a dû choisir la meilleure problématique parmi ces options :

  1. Les fausses nouvelles : causes, conséquences et solutions ?
  2. Comment peut-on se prémunir contre les fausses nouvelles ?
  3. Est-ce que les fausses nouvelles sont un fléau pour la société ?

Alors, laquelle choisiriez-vous ?

  • La question 3 (“Est-ce que les fausses nouvelles sont un fléau ?”) appelle un simple OUI ou NON, ce qui clôt le débat immédiatement. Pas idéal !
  • La question 2 (“Comment peut-on se prémunir ?”) ne touche qu’à un aspect des fausses nouvelles : la prévention. Or, le sujet est bien plus vaste.
  • La problématique 1 (“Les fausses nouvelles : causes, conséquences et solutions ?”) est la bonne ! Elle est suffisamment large pour couvrir tous les enjeux soulevés dans les documents et permettre un développement riche et nuancé.

La difficulté majeure pour vous, apprenants de FLE, est donc de formuler une problématique assez large pour explorer différentes facettes du problème posé.

Ma méthode en entonnoir pour construire votre problématique

Je propose à mes élèves une méthodologie en plusieurs étapes pour y arriver. Prenons l’exemple d’un sujet choisi par Christine : “Génération Y, les Millennials et la voie professionnelle.”

  1. Le questionnement initial : Les 5W et 1H (et plus !) : Commencez par vous poser un maximum de questions sur votre sujet. Ça vous aidera à cerner tous les aspects :
    • De quoi s’agit-il ? Quel est le thème abordé ? Quels problèmes sont soulevés ?
    • Qui est concerné par ce sujet ?
    • Quand le sujet a-t-il été traité ? Quelle est la période concernée ?
    • le problème se pose-t-il ? Quelle est la zone géographique concernée ?
    • Pourquoi parle-t-on de ce sujet ?
    • Comment les auteurs abordent-ils ces problématiques ?
    • Quelle est votre opinion à ce sujet ? (Oui, la vôtre compte aussi !)
  2. Le remue-méninges (brainstorming) en carte mentale : Maintenant que vous avez plein d’idées, organisez-les ! Réalisez une carte mentale (mind map). Mettez votre sujet au centre et notez toutes les idées, les mots-clés, les concepts qui vous viennent à l’esprit en les reliant. Cela vous donnera une vision globale et vous aidera à structurer votre pensée.
  3. La formulation de la problématique : L’entonnoir du général au précis : Avec toutes ces informations, vous êtes prêt(e) à formuler votre problématique. Pensez “entonnoir” : partez du général pour aller vers le plus précis, tout en gardant une ouverture.

 

Pour le sujet de Christine, voici une excellente problématique possible : “En quoi le choix de la voie professionnelle pour la génération Y est-il différent de celui de leurs parents ?”

Cette question est ouverte, elle invite à l’analyse et à la comparaison, permettant d’aborder des aspects sociaux, économiques, psychologiques… Parfait pour un essai argumenté !

Prêt(e) à vous lancer et à construire vos propres problématiques percutantes ?